Dans le cadre de la publication de son rapport sur ce qu’on appelle généralement la « crise du logement », Hexagone a réalisé en partenariat avec l’Ifop une enquête auprès d’un échantillon robuste de 2 000 Français. L’objectif : mieux comprendre les ressorts de cette crise et avoir le regard des Français sur leur logement. Ainsi, au-delà d’une large satisfaction quant à leur logement actuel, ce sondage met en lumière les défis auxquels font face les Français en matière de logement, avec un accès difficile et une montée des prix, tout en montrant un soutien mitigé à l’égard de la mixité sociale dans leur propre environnement.
L’analyse du sondage
Rejet croissant de la mixité sociale et réticences dans le choix des locataires : symptômes de la crise du logement en France
Bien que les Français restent majoritairement favorables à l’implantation de logements sociaux (71 %), ils sont de plus en plus partagés quant à leur présence dans leur propre quartier. Alors qu’en 2005, 75 % des Français y étaient favorables, ils ne sont aujourd’hui plus que 56 %, et à peine un sur cinq (19 %) se dit « tout à fait favorable ». Les plus opposés à ces logements près de chez eux sont les Français âgés de 25 à 34 ans (53 %), les habitants de banlieues modestes (53 %), les électeurs de Marine Le Pen (56 %), et surtout ceux d’Éric Zemmour (86 %).
Les Français de moins en moins favorables aux logements sociaux, surtout près de chez eux
À cela s’ajoute une réticence notable – mais minoritaire – parmi les propriétaires à louer à certains locataires potentiels. Interrogés sur la possibilité de louer à des personnes issues de « minorités » (ethniques, nationales, religieuses ou sexuelles), 37 % expriment une certaine réticence, dont 28 % à l’égard des minorités ethniques, contre 12 % pour les minorités sexuelles.
Une crise du logement que les Français ressentent très largement, principalement nourrie par la hausse des prix et des coûts
Pour 82 % des Français, il est difficile de trouver un logement aujourd’hui en France, un chiffre relativement stable depuis 20 ans. Parmi ceux ressentant les plus grandes difficultés (24 %), on trouve surtout les personnes âgées de 35 à 49 ans (29 %), les plus modestes (34 %), et les locataires actuels (34 %).
Sept Français sur dix estiment qu’il est plus difficile d’accéder à la propriété qu’il y a 25 ans
Les principales raisons évoquées par les Français pour expliquer ces difficultés sont le montant des loyers (95 %) et le prix des logements à l’achat (93 %), en lien avec les conditions de crédit immobilier (89 %). Vient ensuite la question de la hausse de la demande, notamment dans les grandes villes où elle peut créer des tensions (78 %). Ainsi que celle de la raréfaction des logements, que ce soit en raison des logements vacants (78 %), des résidences secondaires (65 %), ou du manque de constructions nouvelles (63 %).
Les coût que représente le logement, principale cause des difficultés d’accès
Ces éléments nourrissent l’idée qu’il est aujourd’hui plus difficile de se loger, et surtout d’accéder à la propriété qu’il y a 25 ans. Cette opinion est partagée par 71% des Français, contre 45% en 2001. Ce sentiment concerne à la fois les jeunes (77% des moins de 35 ans) et les personnes plus âgées (65%)
Cependant, les Français restent largement satisfaits de leur logement et constatent une amélioration de sa qualité au fil du temps
Un Français sur deux estime que son logement actuel est meilleur que celui de son enfance, dont 31 % qui jugent qu’il est « nettement meilleur », contre seulement 20 % estimant qu’il est moins bon. Ce sentiment d’amélioration est particulièrement marqué chez les propriétaires (62 %), les Français les plus âgés (69 %), et les catégories aisées (67 %). À l’inverse, les plus jeunes, souvent en début de vie active après avoir quitté le domicile familial, se montrent plus critiques : 28 % des moins de 35 ans estiment que leur logement est moins bon que celui de leur enfance.
Un Français sur deux estime que son logement est de meilleure qualité que celui de son enfance
Surtout, 85 % des Français déclarent être satisfaits de leur logement actuel, un chiffre en légère baisse de 3 points par rapport à 2013. À l’inverse, seuls 4 % des répondants se disent « pas du tout satisfaits ». Cela relativise les tensions évoquées sur le marché du logement.
La plupart des Français sont satisfaits de leur logement
Méthodologie de l’enquête
Sondage Ifop pour Hexagone réalisé du 24 au 26 septembre 2024 auprès d’un échantillon de 2008 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus
Conclusion
- 82 % des Français trouvent difficile de se loger, un sentiment stable depuis 20 ans, particulièrement ressenti par les 35-49 ans et les personnes modestes, et 71 % estiment qu’il est plus difficile de devenir propriétaire aujourd’hui qu’il y a 25 ans, une opinion particulièrement forte chez les jeunes.
- Les loyers (95 %) et le prix d’achat des biens (93 %) sont les principales causes des difficultés selon les Français, aggravées par la demande croissante et la raréfaction des logements.
- 37 % des propriétaires se montrent réticents à l’idée éventuelle de louer à des personnes issues de minorités, avec une forte réticence envers les minorités ethniques (28 %).
- Le soutien des Français à la construction de logements sociaux reste majoritaire (71 %) mais baisse fortement quand il s’agit de leur propre quartier (56 % en 2023 contre 75 % en 2005).
- Malgré la crise et les difficultés qu’elle entraine, 85 % des Français sont satisfaits de leur logement, et 50 % le jugent meilleur que celui de leur enfance, surtout les propriétaires et les personnes âgées.