Dans un contexte politique particulièrement tendu, la manière dont les Français s’informent en politique éclaire les clivages et les recompositions à l’œuvre. Hexagone a mené une enquête auprès de 10 000 personnes afin de comprendre quels médias influencent les intentions de vote et comment se dessine la polarisation de l’information en France. Les résultats mettent en lumière la fragmentation des audiences, car même si les chaînes traditionnelles demeurvent centrales, les réseaux sociaux bouleversent les équilibres, en particulier auprès des jeunes générations.
Intentions de vote et moyens d’information : une droitisation générale
L’étude révèle une « droitisation » de l’ensemble des audimats. Fort de sa position électorale dominante, le Rassemblement National (RN) arrive en tête dans la plupart des grands médias, y compris sur France Télévisions où il atteint 32 % des intentions de vote, à égalité avec la gauche. Sur CNEWS, le RN est même majoritaire au sein de l’audience.
A l’observation de la composition politique des différentes médias leur influence demeure limitée sur la façon dont les Français font leur choix politique
Derrière cette tendance droitière, on remarque que chaque média conserve néanmoins sa propre composition sociologique et politique, tout en restant pluraliste dans leur audience. Par exemple, 30 % des personnes qui s’informent via Radio France sont des électeurs potentiels du RN, preuve que même des médias perçus comme « institutionnels » accueillent une audience hétérogène et que l’angle éditorialisée ne change pas la façon de voter de ces auditeurs.
TikTok et la montée en puissance des réseaux sociaux
TikTok s’impose comme la première source d’information politique sur les réseaux sociaux, avec 18 % des sondés déclarant l’utiliser à cette fin. Viennent ensuite YouTube (17 %), X (15 %) et Facebook (13 %). Ces chiffres montrent que les réseaux sociaux jouent désormais un rôle fondamental dans la formation des opinions, particulièrement chez les plus jeunes.
Les réseaux sociaux : un espace de polarisation
Les réseaux sociaux apparaissent comme des espaces beaucoup plus polarisés que les autres sources d’information. Les électeurs « centristes » (PS, Renaissance, Horizons ou LR) y sont nettement moins présents. Ces plateformes captent massivement l’attention des jeunes et deviennent ainsi des canaux essentiels de politisation.
Chaînes d’info et JT : concurrence et renouvellement du public
En dehors de l’irruption des réseaux sociaux comme moyen d’information des Français, les chaînes d’information continue concurrencent désormais les journaux télévisés traditionnels. BFMTV et LCI attirent un public similaire à celui des JT, avec toutefois une caractéristique notable : un tiers de leurs spectateurs sont des jeunes, témoignant d’un renouvellement générationnel.
Une jeunesse connectée, mais pas coupée des médias traditionnels
Si les réseaux sociaux sont essentiels pour l’information politique des jeunes, ceux-ci continuent à se tourner vers les médias traditionnels. Les effets d’âge sont donc clairs, mais pas exclusifs : l’hybridation des pratiques reste la norme pour s’informer, en particulier depuis que les médias traditionnels ont développé leur présence sur les réseaux sociaux.
Facteurs sociaux et religieux : des pratiques différenciées
Les jeunes issus de l’immigration et vivant dans les banlieues populaires s’informent massivement via les réseaux sociaux. Sur le plan religieux, ces plateformes sont également privilégiées par les pratiquants les plus fervents, qu’ils soient chrétiens ou musulmans.