Violences et indisciplines : enseignants et parents tirent la sonnette d’alarme

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Le niveau scolaire baisse depuis 30 ans. Parmi les causes évoquées : la violence à l'école. Une analyse à l'aide d'un sondage OpinionWay et de données de références

Alors que le niveau scolaire des jeunes Français baisse d’année en année depuis 30 ans, les causes de ce déclin sont multiples. Parmi elles, la violence à l’école est parfois évoquée. Hexagone analyse ce sujet à partir de données internationales et nationales de référence, ainsi que d’un sondage exclusif réalisé par OpinionWay, croisant les avis des parents et des enseignants.

Hexagone s’est déjà intéressé dans un dossier publié en septembre 2024 aux problèmes que rencontre la France dans le domaine scolaire, notamment en ce qui concerne la baisse du niveau de ses élèves. Très récemment, la version 2023 de l’étude TIMSS a mis en évidence les difficultés des élèves français en mathématiques par rapport à leurs camarades européens.

En septembre 2024, Hexagone a publié la première enquête d’opinion comparant les perceptions des parents d’élèves et des enseignants sur l’évolution des performances scolaires.

Ce sondage, réalisé par OpinionWay, a révélé que 85 % des enseignants et 70 % des parents d’élèves constataient effectivement une baisse du niveau.

Fait notable, les parents attribuent en premier lieu cette baisse au manque de discipline en classe, aussi bien en classe qu’à la maison mais avant tout en classe (86 %), et aux insuffisances du système éducatif, notamment le manque de moyens  (77 %) et le nombre élevé d’élèves par classe (80 %).

Les enseignants ont eux moins tendance à citer les problèmes de disciplines en classe (72 %), qu’ils évoquent loin derrière la question des écrans (96 %) ou du manque de sévérité des parents (91 %).

Cette divergence de vues entre les parents et les enseignants nous invite à nous pencher plus précisément sur la place de la violence scolaire en France, afin de déterminer l’importance du phénomène et tenter d’évaluer ses effets sur le niveau scolaire.

Sur le plan de la discipline en classe, la situation en France est particulièrement préoccupante, le pays figurant parmi ceux rencontrant le plus de problèmes. Cela alors même que trois quart des enseignants français (75 %) affirment ne pas avoir de mal à maintenir un minimum de discipline parmi vos élèves, un score toutefois en baisse de 4 points depuis 2023.

C’est en classe de 4ᵉ que la situation se dégrade le plus et où la France se retrouve parmi les pays les plus touchés par l’indiscipline en classe : 14 % des élèves évoluent dans un environnement peu sûr et peu discipliné, soit le double de la moyenne internationale (7 %), plaçant la France juste derrière les États-Unis et le Maroc.

Toutefois, lorsque les élèves sont directement interrogés, leur ressenti est globalement bien moins rassurant que celui exprimé par les enseignants. En classe de CM1, 20 % des élèves rapportent des comportements perturbateurs dans les cours de mathématiques, un chiffre légèrement supérieur à la moyenne internationale.

Ces problèmes de disciplines sont résumés par les données PISA de l’enquête de 2018 où la France se place en second position des pays où les élèves se plaignent le plus de bruit et de désordre en classe, des désagréments rapportés par 52 % d’entre eux, juste derrière l’Argentine (55 %) et devant le Brésil (45 %) et la moyenne de l’OCDE (32 %).

Selon les données des enquêtes PISA, notamment celle de 2018, près de 20 % des élèves français déclarent avoir été harcelés au moins quelques fois au cours du mois. Bien que ce chiffre soit préoccupant et représente une part significative de la jeunesse, il reste inférieur à la moyenne internationale (23 %) et à celui d’autres pays européens, comme la Pologne (26 %) ou la Roumanie (34 %).

Plus récente, l’enquête TIMSS de 2023 évalue la proportion de jeunes subissant du harcèlement de manière hebdomadaire. Seuls 8 % des élèves de CM1 déclarent en avoir été victimes, qu’il s’agisse de menaces physiques ou de simples moqueries.

Même chose en classe de 4e, les élèves français se révèlent bien moins touchés par le harcèlement que les autres.

Selon notre sondage exclusif OpinionWay pour Hexagone, 87 % des enseignants interrogés déclarent avoir été témoins ou informés d’au moins un fait de violence dans leur établissement, principalement des agressions verbales (71 %), mais aussi des cas de harcèlement (70 %). Plus préoccupant encore, 59 % rapportent des faits de violence physique, et 15 % évoquent des violences sexuelles. Bien que ce dernier chiffre doive être interprété avec prudence dans le cadre de ce type d’enquête, il souligne néanmoins l’ampleur du phénomène.

Fait notable : dans l’ensemble, une large majorité des enseignants considèrent que ces incidents ont été bien gérés par l’administration, ce qui n’est pas le cas selon les parents, nous allons le voir.

Les parents d’élèves signalent moins d’actes de violence dans l’établissement de leur enfant que les enseignants, mais ils se montrent plus critiques quant à la gestion des incidents. Ainsi, 28 % des parents rapportent des agressions verbales dans l’établissement de leur enfant, mais « seuls » 58 % se disent satisfaits de la réponse apportée par l’administration face à ces cas.

On note également que, quel que soit le type de violence subie, les parents d’élèves sont moins nombreux qu’en 2023 à signaler ces actes. La proportion de parents déclarant un cas de harcèlement moral dans l’établissement de leur enfant a ainsi diminué de 8 points depuis juillet 2023, tandis que celle des parents rapportant une agression physique a baissé de 6 points.

Si l’on écoute les parents, on notera que ces faits de violences sont particulièrement concentrés au collège et dans les établissements classés dans le réseau d’éducation prioritaire (REP), confirmant les difficultés mesurées dans l’enquête TIMSS de 2023.

Malgré des perceptions différentes de la réalité des violences à l’école, parents et enseignants s’accordent sur une augmentation globale des actes de violence (harcèlement, agressions, dégradations) au cours des cinq dernières années. Cette tendance est reconnue par 71 % des parents d’élèves et 65 % des enseignants.

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