Noël, une fête religieuse qui rassemble les Français au-delà des divisions

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Noël est-il fédérateur ? Que représente-t-il pour les Français ? Quelles nouvelles formes de célébration ? Un sondage exclusif sur les Français et Noël.

À l’occasion des fêtes de Noël et de fin d’année, Hexagone s’intéresse à ces célébrations en partenariat avec Marianne et Sud Radio. Un sondage exclusif, réalisé par OpinionWay auprès d’un large échantillon de 2 500 Français, révèle que Noël est perçu comme une fête fédératrice au sein de la société française. Les Français assument la dimension religieuse de Noël tout en la célébrant comme une tradition familiale et universelle, dépassant ainsi les fractures sociales et religieuses. Par ailleurs, de nouvelles formes de célébrations émergent, notamment parmi les jeunes, sans pour autant supplanter les commémorations traditionnelles.

Noël, la Fête des Mères et la Fête des Pères sont les principales fêtes auxquelles participent les Français, 67 %, 44 % et 33 % respectivement les célébrant « toujours », devant Pâques (30 %) ou le 14 juillet (19 %).

Si les fêtes centrées sur la religion catholique sont marginalisées par rapport aux fêtes familiales, elles résistent souvent grâce aux traditions culinaires et sociales qui s’y rattachent. C’est le cas de Pâques, mais surtout de l’Épiphanie (25 %) ou encore de la Toussaint (19 %), qui sont toujours plus célébrées qu’Halloween (11 %) ou la Fête de la Musique (10 %).

Ce que l’on observe surtout, c’est que les grandes célébrations des Français permettent de bâtir des ponts entre les classes sociales. En effet, on note peu de différences dans la participation aux différentes célébrations entre les personnes issues de catégories sociales aisées ou populaires.

Face à l’influence grandissante des fêtes d’inspiration américaine (Halloween, Saint-Valentin), les célébrations et commémorations patriotiques résistent et affirment leur enracinement dans une culture française plurielle, notamment chez les jeunes grâce à l’école. Si 63 % des Français célèbrent la Saint-Valentin, fête à la fois d’origine américaine et commerciale, ils sont 69 % à participer aux festivités de la Fête Nationale, dont 84 % des jeunes.

Même chose avec Halloween, qui voit 48 % des Français et la moitié des jeunes de moins de 35 ans se déguiser en créatures plus ou moins effrayantes (de moins en moins, d’ailleurs). Quelques jours plus tard, au moment de commémorer les Morts (bien réels, eux) pour la France lors de la Grande Guerre, 44 % des Français déclarent y participer, avec une proportion notable chez les jeunes (69 %).

Cette mise en perspective des fêtes américaines et des fêtes patriotiques françaises montre la dualité des pratiques « festives » des Français, en particulier au sein de la jeunesse qui développe ses propres traditions tout en se rattachant au socle commun transmis par l’école et son rôle dans l’éducation à la citoyenneté. Dans tous les cas, les jeunes célèbrent plus que leurs aînés, marquant une tradition générationnelle qui ne se perd pas.

En dehors des fêtes habituellement célébrées, d’autres, issues de cultures minoritaires, s’ajoutent aux célébrations au cours de l’année. C’est notamment le cas d’Halloween (50 % le fêtent régulièrement) et surtout du Ramadan, fêté régulièrement par 23 % des jeunes de moins de 35 ans.

Malgré cette société française fracturée dans laquelle nous évoluons, Noël demeure l’une des rares fêtes à fédérer presque unanimement les Français, transcendant les lignes de fracture sociales, générationnelles et politiques. Avec 94 % des répondants déclarant y participer ou adopter l’une des différentes pratiques de Noël, cette célébration incarne à la fois un attachement aux traditions familiales et une capacité de réinvention dans un contexte d’érosion de la pratique religieuse.

Pour une large majorité (92 %), Noël est avant tout une fête familiale, cimentée par des rituels universels : le repas partagé (89 %), l’échange de cadeaux (88 %) et la transmission des valeurs liées à la famille (90 %). Ces pratiques forment une trame culturelle commune, rassemblant autant les familles croyantes que celles détachées de toute appartenance religieuse ou celles d’autres religions.

Alors que la société se polarise politiquement, on ne note pas de grandes différences, selon le vote à l’élection présidentielle, dans les pratiques des Français à Noël, qu’il s’agisse de se retrouver autour d’un repas ou d’offrir des cadeaux.

Par ailleurs, si les électorats les plus détachés de la religion, comme celui de Jean-Luc Mélenchon, ont moins tendance que les autres à installer un sapin (63 %) ou une crèche (31 %), une part non négligeable d’entre eux y participe malgré leur vote.

Si seulement 22 % des Français assistent à la messe de Noël, la dimension chrétienne de cette fête reste largement reconnue par 71 % d’entre eux. Elle ne se réduit pas à une pratique religieuse stricte, mais s’élargit à une mémoire collective et à des traditions partagées. Cette inclusion se vérifie par des chiffres étonnants : 42 % des Français installent une crèche, dont un quart parmi ceux se déclarant sans religion.

Noël reflète ainsi une double identité : celle d’une fête enracinée dans le christianisme, mais désormais perçue comme un patrimoine commun. En effet, 88 % des Français estiment qu’il n’est pas nécessaire d’être catholique pour célébrer Noël, dont 80 % des chrétiens pratiquants et 71 % des musulmans. Cette appropriation culturelle illustre un glissement de la sacralité vers une tradition sécularisée, où la dimension spirituelle coexiste avec les attentes festives.

Cette évolution de la pratique de Noël en tant que fête religieuse n’appelle pas, pour les Français, d’évolution dans son expression publique. Ainsi, la préservation des traditions religieuses dans l’espace public est largement plébiscitée : 77 % des Français s’opposent à la suppression des crèches dans les lieux publics. De même, 57 % rejettent l’idée de remplacer « Joyeux Noël » par « Joyeuses Fêtes ». Ce refus d’abandonner l’expression même du caractère religieux de la fête dépasse les clivages politiques, même si 67 % des électeurs de Mélenchon y sont favorables. Tout cela reflète malgré tout un attachement à des symboles perçus comme faisant partie du patrimoine culturel français.

Dans une société où les « îles » de l’archipel français – pour reprendre le concept de Jérôme Fourquet – peinent à communiquer entre elles, Noël agit comme un pont entre des sensibilités culturelles et religieuses variées, non sans quelques frictions. On connaît déjà le concept fumeux du « tonton raciste », qui s’impose avec la progression d’un consensus autour du rejet de l’immigration non régulée, mais son némésis s’est affirmé : la « nièce woke » et féministe. De quoi animer le repas de Noël !

Ainsi, la célébration de Noël rassemble 78 % des électeurs de Jean-Luc Mélenchon, 96 % de ceux de Valérie Pécresse, et 90 % de ceux de Marine Le Pen. Ce consensus rare témoigne de la capacité de Noël à réunir les contraires, pour le meilleur comme pour le pire.

Sondage Opinionway pour Hexagone réalisé du 27 novembre au 1er décembre 2024 auprès d’un échantillon de 2 502 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.

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