« Pognon de dingue » : comment les Français veulent-ils dépenser l’argent public ?

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À l'occasion du budget 2025, , Hexagone et l'IFOP ont interrogé 2000 Français pour qu'ils leur budget et la dépense publique qu'ils souhaitent.

À l’occasion du vote du budget 2025, entre la hausse des dépenses publiques et l’urgence de réduire le déficit et la dette de la France, Hexagone, en partenariat avec l’IFOP, a interrogé 2 000 Français pour leur permettre d’imaginer leur budget idéal et de définir eux-mêmes la répartition des dépenses publiques.

Cet exercice rare offre l’occasion de revenir dans ce dossier sur les grands enjeux des finances publiques et d’évaluer les sacrifices que les Français seraient prêts à consentir pour assainir les comptes publics.

Dans le contexte des débats sur les priorités budgétaires du gouvernement, l’intérêt des Français pour la maîtrise de la dette et des impôts s’intensifie. Selon notre sondage, la maîtrise du niveau des impôts et la diminution de la dette publique sont désormais considérées comme des enjeux « tout à fait prioritaires » par respectivement 51 % et 48 % des Français.

Ces deux préoccupations atteignent ainsi des niveaux inédits (+19 points chacune par rapport à 2017), surpassant même des enjeux historiques en France, tels que la lutte contre le chômage (45 %) et la protection de l’environnement (46 %).

La dépense publique représente l’ensemble des sommes que l’État et les collectivités territoriales (régions, communes, etc.) consacrent à divers services et investissements pour gérer la société et l’économie. Elle couvre des domaines comme l’éducation, la santé, la sécurité, les infrastructures (routes, ponts) et les aides sociales.

En 2022, la dépense publique s’élevait à environ 1 500 milliards d’euros, dont près de la moitié (682 milliards d’euros) était dédiée aux dépenses de protection sociale, contre 471,8 milliards pour l’administration de l’État. En 2009, elle atteignait « seulement » 1 107 milliards d’euros, dont 329,8 milliards pour l’administration de l’État.

Lorsque les dépenses du gouvernement dépassent ses recettes, on parle alors de déficit public. Cela se produit lorsque l’État dépense plus qu’il ne gagne par les impôts et autres sources de revenus (cotisations sociales, redevances, dividendes et emprunts). Il est généralement exprimé en points de PIB.

En 2023, le déficit de la France s’élevait à -5,5 % du PIB, l’un des plus importants de l’Union européenne, et bien supérieur au critère fixé par Maastricht, qui vise un déficit public ne dépassant pas les 3 %. La France a dépassé ce taux chaque année depuis 2012, à l’exception de 2018 et 2019.

Si l’État était une entreprise, on comparerait plutôt le déficit aux recettes, ce qui donnerait une perte opérationnelle de 11 % de son chiffre d’affaires sur les 5 dernières années. Un montant de 700 milliards d’euros, soit plus que le PIB annuel d’un pays comme la Suède.

La dette publique correspond à l’ensemble des sommes que l’État doit à ses créanciers. Elle provient essentiellement de l’accumulation des déficits publics.

Depuis 2020, la dette publique française a dépassé les 100 % du PIB, atteignant 110,6 % en 2023. Bien qu’en légère baisse, elle reste à un niveau historiquement élevé.

La dépense publique en France représente jusqu’à 57 % du PIB annuel, ce qui en fait le taux le plus élevé de l’Union européenne, juste devant la Finlande avec 56 %.

Ainsi, la France est championne des dépenses publiques et de l’endettement, pour un niveau de croissance quasi nul. Entre 2017 et 2023, notre pays a connu une croissance de son taux d’endettement de 12 points, pour une progression de son PIB par habitant de seulement 3 %. À titre de comparaison, la Pologne a augmenté son PIB par habitant de 25 % tout en réduisant son taux d’endettement de 1 point.

Dans ce dossier sur la dépense publique, Hexagone a interrogé près de 2 000 Français sur la répartition qu’ils feraient des 1 500 milliards d’euros de dépenses publiques entre 15 postes principaux.

Comparée à la répartition actuelle, leur vision révèle des différences marquées entre le budget idéal des Français et la structure actuelle des dépenses.

Ainsi, les Français se disent prêts à allouer bien davantage aux domaines régaliens et moins aux dépenses sociales. Avec ce « grand chamboulement », les Français retireraient ainsi près de 200 milliards alloués actuellement aux retraites et près de 85 milliards à la protection sociale. À l’inverse, ils donneraient environ 90 milliards de plus à l’ordre public et à la justice, mais également 67 milliards à l’environnement.

Plus globalement, plus de 80 % proposent de baisser les budgets alloués à notre modèle social (santé, retraites, protection sociale), contre plus des trois quarts qui augmenteraient les budgets régaliens pour le maintien de l’ordre public, de la défense et de la justice. Signe de l’inquiétude vis-à-vis de cette question, plus de la moitié des Français (53 %) seraient prêts à allouer davantage au remboursement de la dette qu’actuellement.

En classant les postes de dépenses selon les priorités idéales des Français, on observe que, dans ce scénario, la France se démarquerait de ses voisins européens. Par exemple, les dépenses sociales ne représenteraient que 29 % du total, loin des 55 % actuels et bien en dessous de celles d’autres pays européens comme la Hongrie (36 %).

À l’inverse, les Français alloueraient 22 % du budget aux fonctions régaliennes, contre seulement 6 % aujourd’hui, dépassant largement les pays européens qui dépensent le plus dans ce domaine, tels que la Roumanie, l’Estonie et la Bulgarie (10 %).

Un enseignement plus politique ressort également de ce sondage : les électeurs de Renaissance, des Républicains et du Rassemblement national se rejoignent dans leurs réponses. D’une part, ils alloueraient spontanément plus de ressources aux missions régaliennes et moins à la protection sociale. D’autre part, ils ont tendance à prioriser les mêmes postes d’économies potentielles. Les électeurs du NFP se distinguent, en privilégiant notamment une réduction plus marquée des dépenses régaliennes.

L’enquête proposait aux répondants un deuxième exercice : en repartant cette fois-ci des dépenses réelles, il s’agissait d’identifier les postes sur lesquels économiser environ 150 milliards d’euros, soit le montant nécessaire pour atteindre l’équilibre budgétaire.

Les répondants seraient alors enclins à réduire significativement les aides économiques et militaires à l’étranger (-56 %), ainsi que les budgets alloués aux loisirs et à la culture (-26 %). Confrontés à un arbitrage difficile lors de ce deuxième exercice, les Français se montrent plus réticents à couper dans les dépenses sociales (-10 % sur la protection sociale hors maladie et retraite).

Confrontés à un arbitrage contraint de 150 milliards d’euros pour atteindre l’équilibre budgétaire, les Français privilégient des réductions ciblées. Ils touchent ainsi moins aux dépenses sociales, ne proposant que 10 % d’économies sur la protection sociale et 3 % sur les retraites. À l’inverse, les coupes sont plus drastiques dans les aides économiques et militaires à l’étranger (-56 %), mais aussi dans la justice (-36 %) et le remboursement de la dette (-25 %). Les postes santé et retraites, avec seulement 3 % de réduction chacun, restent largement épargnés.

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