Les Français face à l’IA : entre enthousiasme et résignation 

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L’intelligence artificielle fait désormais partie du quotidien des Français. Grâce à notre sondage, réalisé auprès d’un échantillon représentatif de 1 000 Français, Hexagone propose des éléments inédits permettant de mesurer l’ampleur de sa diffusion, les usages qu’en font les citoyens, ainsi que les inquiétudes qu’elle suscite. L’analyse met en lumière une appropriation rapide mais inégale des IA génératives, un usage bien plus personnel que professionnel, des perceptions contrastées selon l’âge et le niveau de diplôme, ainsi qu’un mélange de fascination et de méfiance face aux bouleversements à venir. 

Que retenir ? 

  • Les outils d’intelligence artificielle font désormais partie du quotidien des Français. En deux ans, la connaissance de l’intelligence artificielle a bondi dans l’opinion. 89 % des Français en ont entendu parler (+18 points depuis 2023), et plus d’un sur deux (53 %, +17 points) sait désormais précisément de quoi il s’agit, une hausse marquée notamment chez les jeunes et les cadres. 
  • Un usage des outils IA davantage personnel que professionnel, porté par la jeunesse. 49 % des Français déclarent utiliser une IA générative, mais cet usage est surtout privé. Dans le détail, seuls 9 % l’utilisent régulièrement dans leur travail, contre 13 % dans leur vie personnelle, un chiffre qui grimpe à 27 % chez les moins de 35 ans. 
  • ChatGPT écrase la concurrence, c’est l’outil le plus largement utilisé. Avec 80 % des utilisateurs de l’IA y ayant recours, la solution américaine s’impose très largement, devant Gemini (23 %), Copilot (9 %) et l’outil français Mistral IA (4 %). 
  • L’IA est devenu un coach du quotidien. Près d’un tiers des utilisateurs (30 %) considèrent que l’IA agit comme un “coach” dans leur vie. Cette relation d’un nouveau genre est particulièrement marquée chez les jeunes (43 % des 18-24 ans), mais aussi plus fréquente chez les hommes que chez les femmes. 
  • Des inquiétudes profondes sur l’avenir du travail. 63 % des Français redoutent que l’IA supprime des emplois, mais ils sont moins nombreux (23 %) à craindre pour leur propre poste. Ceux qui utilisent déjà l’IA dans leur travail sont les plus inquiets (36 %), signe qu’ils perçoivent l’ampleur des mutations à venir. 
  • Des outils choisis pour leur efficacité, pas pour leur nationalité. Les Français attendent avant tout de l’IA qu’elle soit simple, fiable et rapide. Les enjeux de souveraineté numérique comptent peu (9 % des Français accordent de l’importance à la nationalité d’un outil d’IA), contrairement à la sécurité des données, citée comme source d’inquiétude par 63 % des répondants. 
  • Des usages qui pourraient bouleverser Internet. L’IA est surtout utilisée comme moteur de recherche (81 %), outil de correction (65 %) ou de traduction (58 %). Ces pratiques généralisées, notamment chez les jeunes, annoncent une transformation des habitudes numériques et une remise en cause du fonctionnement traditionnel du web. 

Le détail du dossier 

L’intelligence artificielle s’est rapidement imposée dans la vie des Français : la plupart la connaissent et plus de la moitié voit précisément de quoi il s’agit 

Alors qu’ils étaient moins des trois quarts à avoir entendu parler de l’intelligence artificielle en 2023, les Français sont désormais 89 % à en avoir entendu parler. Surtout, ils sont aujourd’hui 53 % à savoir précisément de quoi il s’agit (contre seulement 36 % il y a deux ans) en particulier parmi les jeunes générations et les catégories sociales aisées. 

L’usage de l’IA est bien plus personnel que professionnel, surtout chez les plus jeunes 

Plus de quatre Français sur dix (46 %) déclarent utiliser des intelligences artificielles génératives dans leur vie quotidienne, en particulier les plus jeunes (83 % des 18-24 ans), les cadres (66 %) et même les employés (54 %). 

Toutefois, ce n’est pas dans le cadre professionnel que les IA génératives sont le plus utilisées. En effet, si 30 % des Français qui les connaissent les utilisent dans leur travail, dont seulement 9 % de manière régulière, ils sont 46 % à en faire usage dans leur vie personnelle, dont 13 % régulièrement. Ce chiffre atteint même 72 % chez les moins de 35 ans.  

ChatGPT écrase la concurrence, c’est l’outil le plus largement utilisé 

Avec 80 % des utilisateurs d’IA passant par ChatGPT pour effectuer leurs recherches, la solution américaine écrase la concurrence. Elle devance largement les alternatives nationales comme Mistral IA, utilisée par seulement 4 % des utilisateurs. Seul Google parvient à s’imposer partiellement avec son outil Gemini, utilisé par 23 % des utilisateurs, mais reste très loin derrière ChatGPT. 

L’IA fait figure de coach de vie pour près d’un tiers des utilisateurs d’IA et pour un Français sur dix 

Pour 30 % des utilisateurs, et donc 13 % des Français de manière générale, l’IA agit comme un coach dans leur vie quotidienne, signe d’une évolution majeure dans le rapport des individus à la technologie. Les jeunes sont les plus nombreux à l’utiliser dans ce rôle : 43 % des 18-24 ans, contre seulement 5 % des 65 ans et plus. Ce sont aussi davantage les hommes (32 %) que les femmes (28 %) qui y ont recours en tant que coach. 

À l’inverse, les femmes sont légèrement plus nombreuses que les hommes à utiliser l’IA pour trouver des solutions aux problèmes qu’elles rencontrent (77 % contre 74 %). On peut donc considérer que l’IA vient parfois combler certaines inégalités entre les sexes, notamment sur le terrain de la santé mentale, souvent moins prise en charge chez les hommes. 

L’inquiétude règne parmi les Français quant aux conséquences de l’irruption de l’IA dans leur vie 

Face à l’intelligence artificielle, les Français se montrent globalement méfiants et anticipent de profonds bouleversements, en particulier sur le terrain de l’emploi. Avec une nuance importante : ils se disent plus inquiets des suppressions d’emplois en général que de la menace pesant sur leur propre poste. Ainsi, 63 % estiment que l’IA entraînera des suppressions d’emplois, contre seulement 23 % qui craignent, à titre personnel, que leur emploi soit remplacé par des outils d’IA. 

Parmi les plus inquiets pour leur emploi figurent les employés (28 %), les personnes n’ayant que le baccalauréat comme diplôme (26 %) et, surtout, celles qui utilisent déjà des outils d’IA dans leur travail (36 %), preuve qu’elles mesurent bien l’ampleur de la transformation à venir. À l’inverse, les personnes très diplômées se montrent moins préoccupées (22 %). 

Paradoxalement, 40 % des Français estiment que l’IA permettra à de nombreux salariés de réduire leur temps de travail, une opinion particulièrement partagée parmi les salariés eux-mêmes (46 %). 

Enfin, bien que plus marginal, un scepticisme demeure : 38 % des Français estiment que l’IA est idéologiquement biaisée, et 35 % jugent qu’elle se trompe régulièrement, des avis particulièrement répandus parmi ceux qui utilisent pourtant déjà ces outils. 

Aucun patriotisme d’utilisation, la simplicité et la fiabilité sont les deux principaux critères dans le choix de l’outil d’IA 

Autre sujet d’inquiétude : la sécurité des données, citée par 63 % des répondants. Une crainte à mettre en lien avec le très faible nombre de Français estimant que la France est en avance dans le domaine de l’IA (seulement 16 %), ainsi qu’avec la faible importance accordée à la nationalité de l’IA dans le choix des outils. 

Lorsqu’ils choisissent un outil d’IA générative, les Français privilégient avant tout la simplicité d’usage. Parmi les différents critères pouvant justifier leur choix d’un outil d’IA générative, les Français placent en tête la simplicité d’accès et d’utilisation (54 %), juste devant l’exactitude des réponses fournies (52 %) et la rapidité des réponses (40 %). 

À l’inverse, des critères comme la nationalité de l’entreprise à l’origine de l’outil (9 %) ou l’impact environnemental de la solution (10 %) ne sont que très rarement cités. 

Recherche d’informations, correction de texte, traduction… Les usages dominants de l’IA pourraient remettre en cause le fonctionnement d’Internet 

La recherche d’informations, à la manière d’un moteur de recherche (comme Google), est le principal usage des Français ayant recours à l’IA : 81 % déclarent utiliser ces outils dans ce but. Viennent ensuite la correction ou la reformulation de texte (65 %), puis la traduction (58 %). 

À mesure que l’usage de l’IA s’étend aux générations plus âgées, ces pratiques pourraient profondément modifier les habitudes numériques. Hexagone a déjà montré, à travers les données de recherche Google, que certains sites utilitaires perdaient de leur attractivité face à l’essor des outils d’IA. 

Les IA génératives, des outils créatifs aux yeux de leurs utilisateurs 

Plus d’un utilisateur sur deux déclare utiliser l’IA pour générer un contenu créatif (58 %) et/ou rédiger un texte complet (51 %), dépassant ainsi la simple fonction de support, comme la correction de texte. 

On observe d’ailleurs que la génération de texte complet est particulièrement fréquente chez les personnes n’ayant pas le baccalauréat (59 %), ainsi que dans un cadre personnel plutôt que professionnel (72 % contre 69 %). 

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